Les romans de Chris

Les romans de Chris

Va où la peur te mène par Andrée Ammirati

9782749130774.jpg

 

 

 

Préface : 

« Quand la lame du couteau s'approcha, Cesare commença à transpirer. La peur que Michele préférait était celle qui précède le cri. La peur de l'inconnu, celle qui croit encore au miracle, celle qui espère encore la clémence. Il aimait ce moment où les yeux supplient, attendent la lâche compassion ou espèrent encore résister à l'horreur. »


Italie, début du XXe siècle. La misère et la montée du fascisme bousculent la vie d'un paisible village. Michele, chemise noire, fait régner la terreur. À ceux qui veulent échapper aux tortures, aux viols, aux meurtres et à la faim, il ne reste que l'exil. Gabriele et Adriano s'enfuient à Plascassier, dans le sud de la France. Mais des ombres du passé ne vont pas tarder à resurgir, et la révélation d'un secret, ouvrir la boîte de Pandore...

 

 

Mon avis : 

 

1909. Michele a 9 ans. Fils d'Attilio, un employé de mairie brutal et dépravé qui fait subir à sa femme Fabbrizia, la cruauté ses appétits sexuels. Aux regards des autres, c'est une famille banale mais au coeur du foyer, Attilio sème la peur.

Michele est un enfant solitaire, le souffre douleur de ses camarades et celui de son père. Au fur et à mesure qu'il grandit, l'adolescent se rebelle et c'est désormais lui qui donne les coups.

 

" La violence s'insinua, s'infiltra puis gagna du terrain jusqu'à occuper tout  l'espace"

 

Lorsque Michele a dix-huit ans, il s'engage dans l'armée lorsque l'Italie entre en guerre où il prend du plaisir à tuer sans être inquiété, faisant même de lui, un soldat décoré. Puis en 1919, après avoir été de nouveau battue et humiliée, la mère de Michele se suicide dans le fleuve. Son père rongé par l'alcool, meurt seul sans avoir revu son fils. Michele lui, devient un chef redoutable, un tueur sanguinaire.

 

En 1916, Alexandra Colombo est une jeune fille très jolie, une enfant non désirée et mal aimée par ses parents qui auraient voulu un fils.  Ils l'envoient travailler l'usine où elle trouve une certaine liberté, le regard des hommes se posent sur elle mais elle ne sait ni lire et écrire. Lors de l'arrivée d'Enzo, un anarchiste qui s'impose comme meneur à l'usine, elle tombe sous le charme. Enzo appelle à la grève pour obtenir de meilleurs salaires aux ouvriers mais le patron ne l'entend pas de cette oreille, il fait appel aux chemises noires, des hommes qui n'hésitent pas à tuer d'une manière barbare. Enzo meurt durant l'émeute et Alexandra pris au piège par ces bourreaux. 

" Ils vinrent en elle, à tour de rôle, s'acharnant sur son sexe...Son ventre lui faisait mal, son entre-jambe déchiré. Tout le temps de sa souffrance, elle voulut crier, mais ils la faisaient taire en enfonçant leurs sexes dans sa gorge..."

 

Un viol collectif barbare ! 

Mais le calvaire de la jeune femme ne fait que commencé, elle comprend très vite qu'elle est enceinte. la tentative d'avortement échoue et à l'usine, on sait que ce ventre rond est le symbole de l'horreur. Ses parents la chassent, elle quitte l'usine pour se réfugier chez sa marraine. Puis un jour, l'espoir renaît, la comtesse de Vecchi ayant eu vent de cette histoire, lui propose de l'accueillir. Celle-ci ne pouvant avoir d'enfant, offre à Alexandra un toit, un travail de gouvernant au domaine en échange de cet enfant. Elle accepte.

 

Plus tard en 1922, trois frères, leur père et leurs camarades entrent en résistance contre les fascistes en mettant le feu à leurs camions mais ils sont pris par les chemises noires, le combat est perdu d'avance. Michele surnommé le Ras, n'a aucune pitié pour eux. L'un des membres de la famille est exécuté et ils doivent fuir l'Italie avec femmes et enfants en partance pour la France mais le passé va vite les rattraper...

 

Après avoir refermé ce livre, j'ai un sentiment partagé. La première partie concernant le personnage de Michele est intense, on assiste impuissant à la déchéance et la barbarie de cet homme dont l'auteur nous détaille les scènes avec précisions. De quoi vous glacer le sang  et c'est ce qui surprend d'ailleurs !  On vit au travers des mots cette guerre, la lutte de ces familles résistantes, une Italie en guerre que l'auteur explique avec sensibilité. Puis lors de l'exil de la famille Grani en France, on bascule dans un tout autre contexte. La violence cède la place à la romance, à la dure difficulté de ces Italiens à s'implanter dans un nouveau pays, les enfants grandissent, évoluent pour devenir à leur tour des hommes, les premiers amours naissent. Les liens très forts de cette famille sont touchants, mais ces brides de vie font malheureusement tomber l'ambiance des premiers chapitres.  Pour ma part, je m'attendais à ce que l'adrénaline et les fortes émotions du départ montent crescendo. Néanmoins j'ai eu envie de poursuivre afin de connaître la fin. Une fin bien entendue où toutes les questions trouvent réponses. Pour un premier roman, Va où la peur te mène trouvera je n'en doute pas, un lectorat pour voyager au coeur de l'Italie et la France. C'est à la fois une histoire romancée avec toutes les tragédies qu'une guerre implique, chaque personnage occupe une place importante à l'histoire avec son caractère, ses défauts, ses peines et ses joies. Je me suis laissée mener au fil des pages, à vous d'être bercé par cette histoire...

 

 

Prix : 18,80 euros

346 pages

Paru aux éditions Le cherche midi  (sortie le 26 septembre) 

 

 

Biographie de l'auteur

Andrée Ammirati est née à Cannes en 1961. Elle a vécu et travaillé plusieurs années en Italie.Va où la peur te mène est son premier roman.

 

 



08/09/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 30 autres membres