Le silence des autres de Lydia Guardo
Préface : Ça s'est passé en Seine-et-Marne, dans un charmant village à une demi-heure de Paris, dans l'indifférence totale des voisins, des gendarmes, des services sociaux, de la justice et des médecins... " Pourtant, tout le monde savait. "
Mon avis : ce livre n'est pas une fiction mais bien la réalité douloureuse dont cette femme a vécu. Même en imaginant les pires scénarios, on réalise dès le début des premières pages l'enfer que va vivre Lydia durant son enfance puis à l'âge adulte. J'admire son courage d'avoir témoigné, d'avoir pu exprimer avec des mots simples, avec toute sa sensibilité, sa dignité, sa pudeur, les sévices qu'elle a endurés. Imaginez votre belle-mère vous plonger dans une baignoire d'eau brûlante, le choc est si brutal que la jeune enfant ressort avec des lambeaux de chair sur les jambes, sur le ventre. Imaginez votre père vous violer, vous enfermer dans un grenier les jambes attachées et relevées pour que la semence qu'il vient de répandre dans votre corps, puisse vous mettre enceinte et cela durant des années. Durant tout ce temps, cette femme forte et courageuse va mettre au monde les enfants de son père, violent et pervers sous les yeux d'une belle-mère qui ne fait rien, qui participe.
J'admire cette femme qui a su se battre, survivre sous les coups, la faim au ventre avec son frère et sa soeur, sous l'indifférence du système judiciaire, l'indifférence du système médicale.
Histoire poignante, non...pas une histoire...Sa vie est poignante, bouleversante, choquante et je l'admire pour avoir su survivre même si dès son jeune âge, elle aspirait à mourir pour que tout s'arrête.
Son père, son bourreau, son violeur, qui va faire de sa vie un véritable enfer et même après sa mort, on comprend pourquoi elle le pleure. Durant plus de dix ans, il a été le seul à s'occuper d'elle, à prendre "soin" d'elle et ce n'est qu'une fois adulte qu'elle comprend que cet amour paternel n'avait rien de tendre, n'était pas une normalité.
J'admire cette femme qui a su aimer ses enfants, réussit à se reconstruire et connaître enfin le véritable amour, le véritable sens de la famille.
Lydia ne savait pas lire, ni écrire, Lydia ne savait pas si son corps supporterait tous les coups, on lui a appris à boire, à se shooter à l'Ether pour supporter les viols, appris à ne pas parler aux inconnus, à ne pas avoir d'amis, à n'être qu'un jouet et malheureusement, elle a appris le bonheur bien trop tard, si les autres avaient parlé, si les autres l'avaient sauvé plus tôt.
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