Un vent printanier par Michel Vigneron
Préface :
À l’aube du 16 juillet 1942 va débuter à Paris ce que l’Histoire a retenu sous le nom de « rafle du Vél’ d’Hiv’ ». Plus de treize mille Juifs arrêtés dans Paris, dont la plupart seront déportés au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Sous les ordres de René Bousquet, sept mille policiers et gendarmes français participeront à l’opération « Vent printanier ». Pas un seul soldat allemand. Il aura fallu soixante-trois ans pour que la France reconnaisse sa responsabilité dans ce crime contre l’humanité. Les personnages du roman de Michel Vigneron sont-ils vraiment fictifs ? Ils n’ont pas porté les mêmes noms, mais ils ont existé, les bons comme les mauvais. Quand un flic écrit sur l’une des opérations les plus sombres de l’histoire de la police, cela donne un roman noir historique éblouissant d’humanité. Pour ne jamais oublier ni recommettre les erreurs du passé…
Mon avis :
Un vent printanier par l’auteur Michel Vigneron, autre ouvrage de la collection 39-45 paru à l’Atelier Mosésu. Ayant lu Ravensbrück mon amour par Stanislas Petrosky, un roman qui prend aux tripes et donc l’action de situe dans un camp, je me dis connaissant l’écriture de Michel : putain tu vas morfler !
Le style de Michel est brut de décoffrage, la noirceur et l’intensité de ses scènes sont à l’image de son métier, il n’est pas flic pour rien et ça se ressent dans tous les pores de la peau à la lecture par exemple de Harpicide ou le puits de la perversion. Dans ce roman historique, Michel adopte une toute autre approche, une écriture qui respire l’humanité, de sentiments, on découvre sa plume sous un autre jour et cela lui réussit très bien, assez surprenant d’ailleurs.
Nous sommes le 16 juillet 1995, les Français célèbrent le 53ème anniversaire du Vél d’hiv. Parmi la foule qui se rassemble pour écouter le président Jacques Chirac, un homme et une femme réunis par le destin après toutes ces années. Le souvenir du vélodrome d’hiver marquera à jamais leurs esprits.
« La France, patrie des lumières et des droits de l’homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. »
Qui est donc cette femme et cet homme qui se retrouvent plus de 50 ans après, portant chacun la moitié d’une étoile jaune, un souvenir lourd de sens. Pour cela, il faut remonter le temps en juillet 1942 au cœur de ces tranches de vie, de ces personnages liés malgré eux dans une seule et même bataille. Les Raffles.
Le gang des étoiles du shérif composé de membres en culottes courtes : Rachel, Michel, Simon et Samuel, des gosses téméraires et innocents qui vous touchent tant par leur maturité, leur personnalité.
François, un flic ripoux qui porte la haine tant sur son visage que dans ce qui lui sert de cœur, de sa sœur Françoise et leur mère Marie.
Tranche de vie aussi pour Joseph, juif et amoureux de la belle Françoise, de sa sœur Rachel et ses parents.
Il y a aussi Jean, un gardien de la paix de 24 ans qui aime son métier mais…pour combien de temps ?
Leurs destins s’apprêtent à basculer en ce jour de juillet 1942.
L’opération « Un vent printanier » se met en branle, un nom bien trop doux qui dissimule la détermination de ces hommes de loi à chasser une race perfide. A l’aube de ce jour fatidique, ce sont des gendarmes, des militaires Français qui envahissent les rues, les immeubles et arrachent avec stupeur, l’incompréhension ces hommes, ces femmes et enfants à leurs vies qui ne savent vers quelle destination aller, pourquoi ?
La peur, les pleurs, la révolte se lit sur les visages de ces juifs qui se voient dépouiller de tout ce qu’ils possèdent, de leur humanité. Tour à tour, des cars entiers se remplissent, les rues se vident de leurs occupants vers une unique destination. Le Vél d’hiv.
" La Faucheuse faisait son marché dans les travées aussi placidement qu'une ménagère sélectionnant ses légumes pour la soupe du soir. Elle choisissait consciencieusement les âmes qu'elle décrochait de l'arbre de vie..."
Dans ce roman, Michel narre cette partie de l’histoire avec beaucoup d’humanité, je me répète certes mais, je n’ai pas d’autre mot. Dès l’ouverture de la première page, on est happé par ces tranches de vie, ces personnages avec qui on établit un lien particulier. Les sentiments priment tout le long du livre, la compassion, une noirceur maitrisée qui ne choque pas bien au contraire, les pages s’égrènent si vite que personnellement, je n’ai pas su m’arrêter avant d’en connaître la fin. J’ai été simplement bluffée par cette facette de Michel que je ne connaissais pas. Je remercie sa femme Sandy de l’avoir poussé à l’écrire car un vent printanier est un ouvrage qui mérite sa place dans cette collection.
Je n’en dirait pas plus, il vous appartient de décider d’entrer dans le ventre de la bête, de faire connaissance avec la Faucheuse et de cette plume touchante qu’a su nous faire partager Michel.
Parution mars 2015
N° ISBN : 979-1-09-2100-40-2
Prix : 20 euros
Pour le commander : http://www.atelier-mosesu.com/un-vent-printanier/
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